Caractère de Rik

Rik, ou la force tranquille.

Un grand calme que rien n'impressionnait, l'assurance même, sans aucune inquiétude. Capable de s'allonger de tout son long et de fermer l'oeil sur un ring d'expo en attendant son tour d'être examiné. Mais par ailleurs très vigilant dans d'autres contextes qui lui semblaient à surveiller.

Jamais penaud : je ne me rappelle pas avoir vu passer sur lui le moindre air fugitif de soumission. Non, il attendait philosophiquement que l'orage passe. Celui qui le connaissait aurait à peine noté un léger frémissement d'oreille. Un ami l'appelait Monseigneur. Ce qui pourtant n'était pas incompatible avec la discipline et l'obéissance dans le dressage.

Aucune trace de cette "sensibilité" qu'on attribue traditionnellement au Picard.

Doté d'une grande ténacité, il n'aurait pas décroché de sa piste sans avoir retrouvé l'ojet. En cas de grosse difficulté, il me fallait intervenir afin qu'il réserve ses forces pour la suite.

Débrouillard, et ne demandant rien. Ouvrant lui-même les portes. La gamelle d'eau était vide ? Alors, un petit tour aux toilettes. J'ai pris l'habitude de bien fermer la cuvette. L'heure du repas approchait ? Si j'avais omis de fermer à clé la porte du cellier, je le retrouvais la tête enfouie dans le sac de croquettes.

Fréquemment, à peine avais-je quitté la cuisine, que je le voyais arriver, l’air innocent, mais le nez levé, humant l’air ! Rien à signaler si je restais en vue. Mais je ne citerai que les trois endives crues laissées quelques instants sur la table, et disparues à mon retour. Ou encore les boîtes de conserves juste achetées et attendant le rangement : parmi elles, la boîte de thon aplatie comme une crêpe, et l'affamé léchant le poisson qui s’en échappait.
Je vous passe les poches de manteaux ou blousons trouées, celles ayant contenu ou contenant encore des récompenses (saucisse, saucisson), même s’il lui fallait pour cela ouvrir les portes coulissantes du placard et décrocher le manteau du cintre.

Tirée du lit, une nuit à 3 h 30, par des coups de museau et de brefs aboiements, j'ai pensé qu'il avait un besoin pressant.
Une fois dans le jardin, il s'est précipité sur les poires tombées. De toute évidence, il avait faim : rentrant de concours, j'avais complètement oublié la gamelle ! Voilà à quoi en était réduit ce travailleur, qui n'avait rien trouvé de comestible en fouillant nuitamment la cuisine, poubelle incluse. J'ai réparé mon oubli.

Après l'entraînement, j'avais détendu les chiens sur un chemin de terre qui prolongeait une petite route en impasse, au bout de laquelle je m'étais garée.

Revenue à la voiture qu'ils avaient dépassée, je les appelle. Noisette accourt et saute dans sa cage. Rik, comme souvent, s'attarde un peu. Plutôt que de le rappeler, je démarre. Quand la voiture le double, il lève le nez, fait quelques pas pour la suivre ; voyant qu'elle ne s'arrête pas (je voulais l'affoler un peu pour lui donner une leçon), il replonge le nez dans les herbes odorantes et vaque à nouveau paisiblement à ses occupations. J'en étais pour mes frais !
La voiture arrêtée un peu plus loin, j'en suis descendue pour ouvrir le hayon : il s'est interrompu immédiatement pour nous rejoindre d'un pas tranquille. Le stratagème avait fonctionné une fois, il y a bien longtemps de cela, dans sa jeunesse, mais à présent, il ne s'inquiétait plus !

Né à la maison, il n'a jamais quitté sa mère ni connu le déracinement des deux mois. Cela aurait-il contribué à son équilibre inébranlable ? Je ne le sais pas. Il s'est donc partagé entre deux pôles : Noisette et moi, allant de l'une à l'autre quand nous ne sortions pas. Tout en nous quittant sans problème quand les circonstances l'exigeaient. Comme un adulte capable de mener sa vie.

Sommaire NOISETTE ET RIK.

Deux Picards, une Ch'ti

A mes compagnons

Caractère de Noisette

Caractère de Rik

Mésaventure en pistage

Rik à l'honneur : un concours banal avec une race pas banale !

Deux Picards et des brebis au Larzac

Pedigree de Noisette et Rik

02/09/2012